Agnès CANAYER

Moyens alloués aux missions locales

20/03/2018

Moyens alloués aux missions locales

Mme Agnès Canayer . - Ma question porte sur les missions locales. L'universalisation de la garantie jeunes a considérablement modifié les conditions d'exercice des actions d'accompagnement vers l'emploi et la formation des missions locales. L'accès à la garantie jeunes de tous les NEET, de 16 à 25 ans, impose de multiplier les actions et d'intensifier l'accompagnement global afin de responsabiliser les publics qui cumulent de nombreux freins à l'emploi.


Malheureusement, les contraintes administratives et financières qui pèsent sur les missions locales sont de plus en plus nombreuses. La multiplication des justificatifs à fournir pour obtenir les financements, notamment européens, l'évolution permanente et peu concertée des objectifs fixés par les financeurs, l'utilisation d'un outil numérique Imilo peu didactique entravent au quotidien l'action des missions locales.

Ces contraintes obligent les conseillers à passer plus de temps pour accomplir les missions administratives qu'à accompagner les jeunes ou encore à tisser les liens avec les employeurs.


À l'heure où les réformes engagées en matière d'apprentissage, d'orientation et de formation visent à mieux répondre aux besoins d'emplois des territoires, les missions locales veulent être des acteurs efficaces, notamment celle que je préside au Havre, dans la réussite de l'accès du plus grand nombre de jeunes à ces dispositifs.

Au moment où se dessine le plan d'investissement dans les compétences et les parcours d'accès à l'emploi, une bonne adéquation entre l'offre et la demande est nécessaire.

Cependant, force est de constater que les incertitudes pèsent tant sur le financement que la place réservée aux missions locales. Elles ont besoin pour remplir leurs missions que les conférences des financeurs soient installées sur tous les territoires, à commencer par la Normandie, pour donner de la lisibilité aux attentes de chacun.

De même un outil informatique partagé et interactif avec les partenaires de l'emploi, notamment Pôle emploi, et de la formation permettrait de mieux accompagner les jeunes.

Le Gouvernement va-t-il donner aux missions locales les moyens pour remplir efficacement leur mission ?

Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail . - Je suis d'accord avec vous : les missions locales sont un maillon important du service public de l'emploi. Je les connais bien, d'autant que j'ai dirigé une des trois premières missions locales.

Nous devons relever un défi majeur : 1,3 million de jeunes ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi et le problème s'aggrave au fil du temps.

Nous devons donner à ces jeunes une qualification et un métier car il s'agit d'un drame humain, d'une perte économique et d'un risque social majeur.

Le Plan Investissement Compétences, doté de 15 milliards d'euros, est principalement ciblé sur les jeunes et sur les demandeurs d'emploi de longue durée : l'ambition est de former d'ici cinq ans un million de jeunes. Ils devront intégrer les savoir-être et les savoir-faire de base.

Les missions locales ont été créées pour développer une vision pluridisciplinaire qui portait tant sur l'emploi que sur les formations, la santé et la justice. Le risque serait que ces missions ne deviennent que des gestionnaires des dispositifs. La garantie jeunes leur a permis de renouer avec leur mission initiale : cette garantie semble être bien partie

avec de bons taux d'insertion. Mais les missions doivent aussi aider les jeunes à entrer dans les écoles de la deuxième chance, les centres de l'Epide et les CFA.

S'agissant des contributions au budget des missions locales, je vous rappelle que la contribution de l'État a été reconduite, pour un montant de 206 millions d'euros. Je regrette que le Sénat n'ait pas voté les crédits de ma mission... Cette contribution permettra en particulier de pérenniser les postes des référents justice au sein des missions locales.

Enfin, s'agissant des aspects opérationnels, les outils numériques sont indispensables et les relations avec Pôle emploi doivent s'améliorer. Enfin, les missions locales doivent aller à la rencontre des jeunes et ne pas attendre que ces derniers poussent leurs portes.

Certaines missions vont sur le terrain et c'est une bonne chose.

L'État finance environ la moitié du budget des missions et les collectivités l'autre moitié, mais nous devons poursuivre l'effort pour plus d'efficacité.

Mme Agnès Canayer. - Je vois que la ministre est aussi passionnée que moi par le sujet. Il est nécessaire de faire évoluer la place des missions locales.